go to heaven for the climate, hell for the company. (oz)

♢♢ all the past is just a lesson that we've learned.

Code:

recette du gigot d'agneau en croûte pour six personnes.
› un gigot d'agneau désossé de deux kg
› quatre gousses d'ail
› du thym en poudre
› …

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“People would rather live in homes regardless of its grayness. There is no place like home.” Il ferma les yeux en prononçant la fin de cette réplique, comme pour se prouver à lui-même qu'il la connaissait par cœur. Du haut de ses 10 ans, c’était là toute sa vérité du monde. No place like home. Pour ne pas avoir l'air trop ridicule à lire les yeux fermés, il s’enfonça un peu plus profondément dans le canapé en cuir défoncé sur lequel il était affalé. C’était une précaution inutile, ils ne pouvaient pas le voir. Non seulement il leur tournait le dos, mais sa tête ne devait même pas dépasser de trois centimètres l’accoudoir du sofa. Et c’était sans compter sur le fait que la conversation était animée et animante, à en croire les rires qu’Oskar entendait fuser d’une oreille distraite. En particulier celui, très aigu et cristallin de sa tante Gaby qui, totalement à son image, était aérien et semblait emplir tout l’espace, jusqu’aux poutres du haut plafond. Oz laissa retomber sa tête sur le cuir mou et étouffa un bâillement. Il commençait à se faire tard, comme le lui aurait confirmé la grosse horloge en bronze sur le rebord de la cheminée, si il avait pris la peine de tourner la tête. Il refusait férocement d’aller se coucher avant que tout le monde ne soit parti. Il ne voulait absolument pas rater les évènements drôles qui étaient susceptibles d’arriver. Pas ce Noël ci. Au réveillon passé, qui se déroulait chez les Goldriver comme le voulait la tradition, il avait fini par succomber à un sommeil prématuré et était monté se coucher vers minuit. Quand il était descendu le matin suivant, pas lourds de fatigue sur la moquette duveteuse, il avait été surpris de trouver son oncle et sa tante en plein bivouac sous le sapin, car – ce qu’il avait appris ultérieurement – leur voiture s’était retrouvé enneigée sous le coup de la tempête. Ils en avaient parlé pendant des mois, après. L’anecdote était ressortie à chaque repas, goûter, sortie de la tribu Goldriver/Luna. On lui avait fait le coup une fois, mais pas deux. Cette fois, il tiendrait bon.

Il voulait être une grande personne, pas leur mascotte. Sa mère, qui, pour une raison inconnue, avait jugé bon de porter une guirlande de noël autour de la tête comme accessoire festif. Son père, au sourire absent, qui entrecoupait son whisky par quelques brèves réponses à la conversation dont il ne semblait pourtant pas rater une miette. Gabriella, sa tante, qui jurait constamment en espagnol, et qui lui avait offert quelques heures plus tôt le livre épais à la reliure dorée qu’il tenait entre les doigts, en lui chuchotant « fini de lire lire l’édition toute écornée de Maman. » avec un sourire malicieux. Et son oncle Tim qui, pendant le repas, avait fait diversion en faisant semblant de s’étouffer pour que personne ne remarque qu’Oskar avait fait tomber de la sauce sur le tapis blanc. Heureusement, Oz n'était pas seul à représenter les têtes blondes dans l'océan fascinant des adultes. Coincée entre lui et le dossier du sofa, les yeux déjà fermés et la bouche entrouverte, Jane, sa sœur, dont les cheveux avaient été tressés par tante Gaby, avant de passer à table, en une natte sophistiquée dont elle était folle mais qui, depuis l'étape canap', s’était mise à frisotter furieusement. Cette année, si quiconque se retrouvait enneigé, il la réveillerait pour qu'elle soit de la partie. Entendant son prénom dans la conversation, il tourna intuitivement la tête, se contorsionnant pour pouvoir avoir la table à manger dans son champ de vision sans devoir se redresser. Apparemment, on le mentionnait simplement, on ne l’appelait pas. Peut-être même qu’ils parlaient du roman qu’il avait entre les mains, qui était devenu une présence inévitable dans cette maison depuis que la famille avait pris le pli de le surnommer Oz. Il croisa le regard de sa mère, qui lui répondit par un clin d’œil amusé avant de ramener son regard et son attention vers la conversation qui l’occupait. Après un sourire, il fit de même, reprenant sa position initiale, les jambes tendues, enroulé dans un plaid à franges en tartan vert. Sachant qu’il n’arriverait plus à se concentrer sur sa lecture, dont il connaissait sur le bout des doigts la moindre virgule, il décida de laisser son bouquin de côté pour l’instant, mais n’avait rien prévu pour marquer le passage. Sur l’édition en carton froissé de sa mère, il n’aurait pas hésité à corner la page, mais celui-ci, il était beau. Il était précieux. Le bord des pages était doré, et le titre 'The wizard of Oz' rutilait comme un rubis lorsqu'il était placé en biais, reflétant la lumière dorée des guirlandes festives. Tout naturellement, il arracha une des franges du plaid et la glissa le long de la reliure, avant de déposer le livre à ses pieds. Il n’aurait jamais osé le laisser à son propre sort sur la table basse du salon, au milieu des chips et des olives qui commençaient allègrement à ramollir, accompagnés par le cimetière de verres de vin entamés, souvenirs de l’apéritif qui lui avait semblé durer mille ans. [Le tout était tellement familier. Le mélange pâteux sur son palais de gigot en croûte et de pommes de terre, un soupçon de vin que tonton Tim lui avait fait goûter en douce. La sensation rêche mais protectrice de la couverture. De l’autre côté de la table basse, le feu qui brûlait dans l’âtre, mêlant son crépitement à celui de la conversation, qu'Oskar écoutait vaguement, s’attachant aux sons mais pas au sens, comme on le ferait d’une langue étrangère. Le bois, le cuir. Les masques tribaux, les aquarelles encadrées. Les bois d’élans au dessus de la cheminée. Les bouquins en piles bancales. Les frères Grimm, National Geographic, Schopenhauer. L’odeur de famille : cannelle, cire à bois, et un soupçon de chien mouillé. Tout était familier. La moindre virgule du magicien d'Oz.] Il laissa tomber le volume sur le tapis vert, et celui-ci cogna contre un cousin, un tantinet plus épais. Oskar laissa courir ses doigts à l'aveuglette sur le tapis, et son poing se ferma sur l'objet cherché, qu'il souleva précautionneusement, pour ne pas réveiller sa soeur. Orgueil & Préjugés. Techniquement, c'était le cadeau de Gaby à Jane, puisque ce chef d'œuvre était à l'origine du choix de son prénom. Mais puisque la môme n'avait que sept ans, il était en plein droit de se l'attribuer. Oz déposa la tranche contre le sigle batman sur son pyjama et fit voleter les pages jusqu'à arriver au début. “It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife.”


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"Serrez-vous les enfants ! Oskar, lâche la queue de cheval de Darcy tout de suite ! … A droite, plus à droite, - l'autre droite, Jane ! - on ne voit pas le château gonflable. Encore un peu… Stop, c'est bon. Souriez… Merde, Jane, tu as fait tomber ton esquimau sur ta robe blanche ! [Lisa, enfin !] Je veux dire "zut, Jane". Zut zut zut. Okay, oublions, mets ta main sur ton ventre, ma chérie, qu'on ne voie pas la tache. Super, comme ça, voilà. Bon, souriez maintenant. […] POUR L'AMOUR DU CIEL OSKAR, QU'EST-CE QUE J'AI DIT AU SUJET DE LA QUEUE DE CHEVAL DE DARCY ?"



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- Un poète est un luxe, aujourd'hui, qu'on se donne.
- Voulez-vous être à moi ?
- Non, Monsieur, à personne.
                                       (edmond rostand)

quinze avril 2013. Printemps à Paris – moins romantique que tu l'imagines sûrement. De la flotte, principalement. Et qu'est-ce qu'on se caille ! Mais le pain, le vin, le café… Tu adorerais. Ça fait passer l'eau foncée du Starbucks pour de la boue.
Bonjour à Maman et Papa,
Love,
Oz.

deux mai 2013. En direct de la citta eterna. Laisse-moi encore deux semaines dans le coin et je parle l'italien parfaitement. Tout est une question de volume et de mouvements de main. Il fait magnifique. Je pense à toi, soeurette. A vous tous. Pose cette carte postale sur ta table de nuit, qu'elle te donne l'impression de voir du pays.
Love,
Oz.

treize mai 2013. Feux d'artifices au dessus de Heidelberg, une vraie magie. Je t'enverrais la vidéo dès que je serais rentré à l'auberge. Tu adorerais cette ville – un conte de fée resté intact. J'espère que tout va bien, comment va Lin ? Pas de bêtises sans moi.
Love,
Oz.

vingt-huit mai 2013. Vienne est sublime. Le musée d'histoire de l'art ferait mourir Papa d'envie. Je crois que je vais prolonger un peu mon voyage. Sonne-moi quand tu as le temps.
Love,
Oz.

P.S.: J'ai rencontré quelqu'un. Elle a le même rire que toi.


vingt juin 2013. Jane, je rentre demain. Toutes les bonnes choses ont une fin. On ira se chercher une part de brownie aux noix de pécan dans le café sous le pont, comme avant.
A tout de suite,
Oz.



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il en est des pires, il en est de meilleures, mais à tout prendre,   qu'on se pende ici, qu'on se pende ailleurs…        s'il faut se pendre.                      (brassens)

From: oskar.goldriver@abbottpublishing.com
To: darcy-olmes@gmail.com
Subject: reviens putain

Je roulais devant le Brittingham l'autre jour. Notre banc a disparu – ils construisent une aire de jeu à la place. Ça doit être le littéraire en moi, mais la symbolique m'aurait fait presque ricaner si ça n'avait pas été aussi tragique. En parlant de tragédie, Romeo & Juliet se joue en ce moment au théâtre. Une collègue m'a invité à la première. Tu sais à quel point je déteste cette pièce. J'y suis allé pourtant. Je n'ai eu envie de m'arracher les oreilles que six fois, on progresse. J'ai mangé en ville hier soir avec Jane et ton frère, au petit libanais sur Sherman Street. On a pas parlé de toi, si ça peut te conforter dans la pensée que ton souhait s'exauce. Tu disparais peu à peu des conversations. C'était par gêne au début, maintenant c'est par simple absence de choses à se dire. J'ai peur que tu deviennes une étrangère pour de bon, car c'est ce que tu es, dans les magazines. Cette photo en première page me fout la nausée. Tu sais de laquelle je veux parler. Il te remet une mèche de cheveux derrière l'oreille. Tu détestes ça.  Tu me manques, Dee. Cette #darcy, je ne la connais pas, c'est une faille d'un univers parallèle – ce que tu serais devenue, sans nous. Extase de savoir que vingt piges d'intimité sont vite balayées par une putain de bague.
Reviens,
Oz.

From: oskar.goldriver@abbottpublishing.com
To: darcy-olmes@gmail.com
Subject: "there is no place like home"

Reviens. Si tu ne fais pas pour tes parents, fais-le pour Linton. Si tu ne le fais pas pour Linton, fais-le pour Jane. Si tu ne le fais pas pour Jane, fais-le pour moi.

Parfois je crois que je suis jaloux. De toi, pour avoir pris le large. Et du large, pour te garder plus efficacement que je n'ai jamais su le faire.

Oz.