☆ bluebird.

♢♢ no more hiding who i wanna be, this is me.
Les médecins s'opposent fermement à son don de moelle osseuse qui affaiblirait son organisme et sa santé déjà précaire - à cause de ses antécédents d'anorexie sévère. ✵ D'Ariel, sa ville natale, elle ne se souvient que d'un olivier au fond du jardin, à l'ombre duquel sa mère brossait ses cheveux. ✵ Elle n'a jamais voyagé - en théorie. Son père, l'été, s'amusait à transformer les pièces de la maison, jouant sur les lumières, les tapis, les draps couvrant les murs. Bianca a surtout aimé la semaine passée dans la cabane en bois. ✵ Elle joue parfois de la flûte traversière, des reprises de musiques de films (dont les partitions de James Horner) ou des compositions allemandes. ✵ Elle goûte toujours avec Emma, aux environs de seize heures : une tasse de chocolat chaud et deux boudoirs. ✵ Elle aime l'odeur de la pluie et son bruit contre les carreaux. Elle aime l'odeur de l'herbe coupée, et des sciures de bois. Elle aime l'odeur du vernis à ongles, du cuir neuf et des clémentines. ✵ À son grand dam, elle n'a pas la main verte. Elle se contente de stickers floraux et de plantes artificielles. ✵ Elle possède un chinchilla que sa fille, férue des dessins animés de Walt Disney, a baptisé Pan-Pan. ✵ Mauvaise perdante, elle fait la moue et trouve toutes les excuses à cette victoire manquée. ✵ Toute sa vie est soigneusement consignée sur son agenda bleu céruléen. Photos, post-it, serviettes d'un café, papiers - un vrai scrapbook.

♢♢ all the past is just a lesson that we've learned.

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Elle remonte le drap sur sa poitrine et le regarde boutonner les manches de sa chemise. Il ajuste la montre Cartier à son poignet, le diamant à son doigt et pianote nerveusement sur son BlackBerry, avant de contempler Bianca et lui offrir un sourire malicieux. « Je déteste que le temps m'enlève à toi. » La jeune femme qui, les matins précédents, riait de cet aveu, inspire en assemblant les mots dans son esprit. Il s'assied sur le bord du lit et caresse ses cheveux, retarde le départ, soucieux. Il a des avions toutes les heures environ. Sa femme et ses enfants ne sont pas à la maison. « Je ne veux plus. » Elle le fuit, détourne son attention sur les motifs de la tapisserie. Trahie par un sanglot mal réprimé, il relève tendrement son menton, l'oblige à affronter la situation. La belle se perd dans ses yeux éteints, autrefois brûlants de désir, dans ses iris filtrant la peur. Il ne sait pas à quel point elle est effrayée, combien il lui est douloureux de mettre un terme à leur histoire, de songer à cet enfant qui sera son reflet. Elle ne veut pas le perdre ni s'imposer dans une vie réglée. Elle accepte son mariage depuis trois ans désormais, lui promettant qu'il n'aura jamais à choisir et que, si la vie l'y forçait, elle se retirerait de la partie. Elle répète le mensonge élaboré il y a une semaine, se dérobe à grand peine de la vérité. « J'ai rencontré quelqu'un. On savait tous les deux que ce moment arriverait. » Elle s'efforce de paraître convaincue. « Je réussissais à l'oublier, à me persuader que rien ne nous volerait ces instants. J'ai besoin de toi, plus que tu ne l'imagines, et si j'avais su que je t'embrassais pour la dernière fois, j'aurais fait en sorte que tu t'en souviennes toute ta vie. » Elle se souvient, de leur premier baiser à la fin de la soirée. Il l'avait raccompagnée sous le porche, et elle avait goûté à ses lèvres, encore sucrées du dessert choisi. « Un bout de mon coeur t'aimera toujours. » Son palpitant s'affole et l'espace d'une seconde, elle rêve à cette douce éternité.